Densification à place des fêtes et Manin Jaurès : quid de la qualité de vie dans nos quartiers ?

La question de la densification par surélévation d’immeubles mérite d’être réinscrite dans le contexte général du 19e.

Le 19e comptait 172 000 habitants en 2001, 188 000 en 2012 et plus de 190 000 habitants aujourd’hui. Soit une augmentation de 20 000 habitants en 15 ans. La densification y est donc réelle et soutenue.

La densification de la ville comme réponse à l’étalement urbain avec ses conséquences néfastes (allongement des distances et donc des temps de trajet, grignotage des terres agricoles) n’a de sens que dans le cadre du Grand Paris. C’est la seule échelle réaliste pour répondre aux questions du logement. Chacun sait que la question du logement ne peut se régler dans Paris intra-muros. En particulier dans les arrondissements comme le 19e qui ont connu une telle augmentation de population.

L’enjeu est donc de construire une ville compacte mais intelligemment, c’est-à-dire pas au détriment de la qualité de vie des habitants. La construction de logements doit impérativement être associée à celle d’équipements publics et de services publics de proximité. Nous n’avons pas encore rattrapé le déficit du 19e en la matière (sauf pour les crèches où le mouvement est plus rapide).

Rappelons que des logements sans équipement, c’est une qualité de vie dégradée avec des quartiers résidentiels. Les politiques aveugles de production de logements n’ont jamais donné de bons résultats, à l’exemple de la place des Fêtes qui attend encore sa médiathèque et son réaménagement depuis de nombreuses années.

La densification pose aussi la question des formes urbaines. Combler les dents creuses et surélever à hauteur des immeubles environnants, c’est faire une ville uniforme. Une ville innovante sur le plan architectural ce n’est pas une ville monotone qui se contente de bétonner.

Il faut adopter une vision plus globale et regarder cette question à l’échelle métropolitaine. Tenir l’objectif de 10 000 logements/an à Paris est devenu l’objectif ultime au détriment de l’égalité des quartiers. Alors qu’on sait que la crise du logement se règlera d’abord dans les quartiers les moins denses de paris et au-delà du périphérique.

Dans le 19e, les élus écologistes et citoyens ont toujours tenu la même position. Nous prenons notre part en matière de logements sociaux (37% des logements) et dans le logement en général en veillant à l’équilibre de chaque quartier. Ainsi lorsque l’avenir de la ZAC Claude Bernard (nouveau quartier Macdonald) a été débattu, les élus PS voulaient en faire un projet majoritairement de bureaux. Ce sont les élus écologistes qui se sont battus pour y augmenter la part de logements. Déséquilibrer totalement un quartier en création au nom du principe de l’activité économique était déraisonnable. C’était à coup sûr créer un quartier dévitalisé. La part de logements a été augmentée de 15 à 40% environ..

Le groupe écologiste a au cœur la question de l’accessibilité du logement. Mais la question de la qualité de vie dans nos quartiers n’est pas résolue. Elle passe par de nouveaux aménagements des espaces publics et des équipements de proximité. Elle ne passe pas par « l’empilement » de nouveaux habitants.

Une ville qui fonctionne est une ville multifonctionnelle qui mélange logements, bureaux, commerces, équipements, espaces verts… Nos quartiers, au même titre que ceux du centre et de l’ouest parisien, ont droit à une ville qui leur offre un cadre de vie de qualité en répondant à tous les besoins de la vie quotidienne. C’est effectivement la question de l’égalité entre les territoires qui se pose ici. La justice sociale ne peut exister sans une justice urbaine.

 

Retrouvez les délibérations sur lesquels le groupe écologiste et citoyen s’est abstenu en conseil d’arrondissement, le 3 novembre dernier, pour les raisons évoquées précédemment :

Exposé des motifs – délibération 2015 DLH 210.pdf

Exposé des motifs – délibération 2015 DLH 232.pdf