MIGRANTS : ÉVACUATION DU CAMPEMENT DU MILLÉNAIRE (Paris XIXe)

Mercredi 30 mai 2018 au matin, l’évacuation du campement de migrants dit du Millénaire a eu lieu après des mois d’un silence assourdissant de l’État et de la préfecture. Le préfet aurait convaincu le ministre de l’Intérieur, pour des raisons évidentes de sécurité, de ne pas opter pour une évacuation policière mais de choisir la solution d’une mise à l’abri inconditionnelle. L’hébergement en urgence des personnes réfugiées était réclamée par une trentaine d’associations (Fédération des acteurs de solidarité, Croix-Rouge française, Fondation Abbé-Pierre,Cimade, ATD Quart Monde Emmaüs solidarités…), de syndicats, et France Terre d’asile à travers une pétition qui a rassemblé plus de 25 000 signataires à ce jour.

Dans son communiqué du 23 mai 2018, pourtant, le ministère de l’Intérieur laissait entendre que l’évacuation « devra impliquer la mise en œuvre d’un certain nombre de contrôles administratifs à l’égard des personnes concernées. » Aujourd’hui, cette évacuation semble imminente.

Europe Écologie les VertsParis rappelle que le camp du Millénaire concentrait depuis des mois 1 500 à 2 000 migrant·e·s en situation de rue, par grand froid, sous la pluie et en plein cœur de la capitale d’un pays développé : la France. Cette situation indigne ne pouvait perdurer pour la sécurité des personnes concernées et les riverains de ce quartier populaire abandonnés face à la détresse des migrants : les campements parisiens ont fait deux morts noyés en moins de 48hLe groupe des élus écologistes et citoyens a saisi le 13 avril le Défenseur des droits pour une prose en charge immédiate de ces personnes vulnérables sur la base des obligations du code de l’action sociale.

Toutefois, près de 70 % d’elles sont des « dubliné·e·s » ou des débouté·e·s du droit d’asile, autrement dit « ceux qui n’ont pas vocation à rester sur le territoire national », d’après le ministère de l’Intérieur. D’une part, la France peut décider de façon discrétionnaire de ne pas appliquer la procédure selon le règlement 604/2013/UE du 26 juin 2013 dit Dublin.

D’autre part, EELV-Paris invite à ne pas confondre placement en rétention administrative et mise à l’abri, une distinction qui paraît échapper au ministre de l’Intérieur, une confusion volontaire qui aurait pu être dangereuse pour la sérénité d’une évacuation qui se situe au bord d’une voie d’eau. Enfin, le fait qu’un ministre d’État assume d’instrumentaliser une situation humanitaire à des fins électoralistes relève au mieux de l’irresponsabilité politique, au pire d’un cynisme sans limites.

Aussi, EELV Paris rappelle son attachement à un accueil inconditionnel des migrant·e·s – quelle que soit leur situation administrative – et demande une mise à l’abri générale pour l’ensemble des personnes qui vivent dans les campements parisiens. Il demande plus largement la fin de la politique de « dissuasion migratoire », l’accueil digne des personnes migrantes et l’ouverture de centre de premier accueil dans toutes les métropoles.