Occupation du lycée Jean Quarré (Paris 19e) :
la nécessaire solidarité avec les réfugiés exige l’égalité entre les territoires et les quartiers
Confrontée à la plus grande crise européenne des réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale, l’Europe voit arriver à ses frontières de plus en plus de femmes, d’hommes et d’enfants au péril de leur vie. La France est également concernée et sa capitale, Paris, concentre de plus en plus de migrants qui fuient les guerres et les dictatures, dans la détresse la plus totale. Après avoir dit « niet » à un effort de solidarité européenne réclamé par la Grèce et l’Italie, l’Etat a choisi dans un premier temps les évacuations forcées au mépris de la dignité des personnes et des principes humanitaires et juridiques qui doivent régir le droit d’asile.
Cette politique répressive, en l’absence notamment de lieux pérennes d’accueil de prise en charge et d’hébergement a immédiatement conduit à multiplier les campements « sauvages » dans nos rues (Pajol, Jardins d’Eole), aggravant la précarité et les problèmes de santé des personnes. Face à cet échec prévisible, 11 000 places ont été promises par le Ministre de l’intérieur pour répondre à l’urgence. Mais le gouvernement les distille toujours au compte-gouttes provoquant le désespoir des migrants et de leurs soutiens.
Cette inertie coupable n’a pas permis jusqu’à aujourd’hui de mettre en place une politique cohérente et efficace à la hauteur des enjeux. Il manque encore les cadres d’une politique qui fasse le choix de solutions humaines, notamment par la création partout sur le territoire, dans les départements, les villes, les arrondissements, de nouveaux dispositifs d’accès aux droits (et l’asile en premier lieu) et de nouvelles petites structures, à taille humaine et efficaces. Nous avons besoin de lieux qui permettent de ne pas saturer les dispositifs d’hébergement d’urgence classique pour SDF et de ne pas opposer deux populations qui n’ont qu’un seul point commun : le dénuement.
Résultat : les collectivités locales bricolent, improvisent, laissant les quartiers populaires seuls face à ce drame. La solidarité dont les habitants font preuve malgré le sous-équipement public et leurs conditions socio-économiques dégradées est un immense espoir pour notre pays. Mais elle ne suffit pas à faire oublier les carences d’un gouvernement incapable de prendre ses responsabilités. A quel prix ? Au prix d’une fracture profonde avec les valeurs humaines de solidarité, d’une terrible blessure infligée à l’image de la France en Europe et dans le monde et d’une déstabilisation profonde de quartiers fragiles et parfois en tensions.
Nous le disons nettement : ce n’est qu’ensemble que nous arriverons à faire face à cette crise. Gouvernement et villes, quartiers pauvres et riches doivent contribuer à égalité pour répartir la charge de cette impérieuse solidarité. Il n’y a pas d’autre alternative que l’égalité entre les territoires pour respecter nos obligations internationales et ne pas désespérer les quartiers populaires qui contribuent plus que tout autre aux efforts nécessaires.
Nous avons pris des engagements devant les habitants du 19e lors des élections municipales. Le quartier de la Place des Fêtes et ses habitants attendent le respect de la parole donnée : notamment la création d’une médiathèque, sans retard, sur le site de l’ancien lycée Jean Quarré. Il n’y aurait rien de pire que de renier ces engagements. Ce serait discréditer l’action politique et le meilleur moyen de renforcer les extrémismes. Ce serait un mauvais coup porté à la fois aux migrants et aux habitants de nos quartiers.
Pour notre part, nous sommes déterminés à respecter nos valeurs d’égalité, d’humanité et de mieux vivre-ensemble de nos quartiers. Oui, nous devons accueillir les migrants qui ont fui au péril de leur vie des situations inhumaines. Mais nous devons les accueillir, y compris à Jean Quarré, sans remettre en cause des projets d’équipements dont nos quartiers populaires ont besoin. Nous devons conjuguer ce devoir d’accueil avec celui de l’égalité entre les quartiers de Paris.
C’est en ce sens que nous agirons, avec la détermination d’être utiles aux habitants du 19e et la fierté de respecter nos valeurs de solidarité. C’est en ce sens que nous interviendrons au Conseil d’Arrondissement du 19e et au Conseil de Paris.
Les élus écologistes et citoyens du 19e
David Cherfa, conseiller municipal
Bernard Jomier, Maire-adjoint de Paris
Fatoumata Kone, Conseillère de Paris
Dan Lert, Maire-adjoint du 19e
Joyce Malai, Maire-adjointe du 19e
Sophie Minday, Maire-adjointe du 19e
Aurélie Solans, Conseillère de Paris
Eric Thébault, Maire-adjoint du 19e