Piétonnisation des berges de Seine rive droite

Réponse de Bernard Jomier aux interventions sur la piétonnisation des berges de Seine

Madame la Maire, mes chers collègues, je vous remercie.

Je ne serai pas long parce que j’ai écouté avec beaucoup d’attention l’ensemble des arguments. J’ai toujours – pardonnez-moi, le mot est peut-être un peu fort – l’angoisse que nous échappe un argument qui ferait croire que ce projet ne serait pas bon pour la santé. Evidemment, vous comprenez combien je serai sensible à regarder de près cet argument et à l’étudier.

Je remercie l’ensemble des intervenants qui ont parlé de la santé et qui ont dit que c’était leur guide, mais, Madame BERTHOUT, clairement, quand on invoque la santé, on doit accepter le jugement des études scientifiques. Jean-Louis MISSIKA, avec le sens habituel de la modestie et de la mesure qui le caractérise, a dit qu’il y avait quelques dizaines d’études qui disaient toutes la même chose, mais c’est beaucoup plus. C’est beaucoup plus et c’est depuis longtemps. Croyez-moi que si un seul argument était recevable, j’en débattrai longuement avec vous.

Depuis plus de deux ans que cet Exécutif est en place, nous travaillons régulièrement avec l’Organisation mondiale de la santé qui recueille les données sur plus de 3.000 villes du monde. Nous travaillons avec l’ensemble des scientifiques. L’année dernière, avec l’A.P. -H.P., nous avons organisé un colloque sur la santé et la pollution de l’air. Nous regardons ce que font les autres villes du monde. C’est l’ensemble de ces travaux qui ont amené Madame la Maire à annoncer qu’un nouvel outil international, préparé avec l’OMS, nous permettra de mieux connecter les politiques publiques qui sont mises en place dans les grandes villes du monde avec les résultats en terme d’indicateurs de santé, parce que ce lien-là – vous avez raison – est absolument essentiel.

Il faut du sérieux dans les études. A propos de sérieux, la commission d’enquête qui a rendu son rapport a été interpellée publiquement et à raison par le professeur HOUSSET, l’un des cinq pneumologues de renom et respectables qui ont signé une tribune sur cette question. Bruno HOUSSET dit : « Cette commission d’enquête n’a auditionné aucun professionnel de santé, aucun scientifique. Qu’est-ce à dire ? » Qu’est-ce à dire ? Que les questions de santé n’intéressaient pas la commission d’enquête ?

Alors je veux bien vous laisser au débat des conséquences économiques, mais un certain nombre d’orateurs ont expliqué à quel point le projet serait bon sur cet angle-là aussi. Mais je constate que, sur les questions de santé, la commission d’enquête n’a rendu aucun avis autorisé parce qu’elle n’a auditionné aucune personne compétente en la matière et que les membres eux-mêmes de cette commission d’enquête, à juste titre, ne revendiquent pas de compétences en la matière. Alors acceptons, acceptez le parallélisme des résultats, que ce qui se fait dans d’autres villes, ce qui est prouvé par les études scientifiques, se réalisera à Paris.

Mais comme vous êtes sceptiques, nous allons mettre en œuvre deux types d’études : une avec Airparif et, là, il faut être très clair. Oui, il n’y avait pas assez de capteurs d’Airparif. Mais qui a supprimé les crédits à Airparif ? Quels conseils départementaux ont coupé les crédits à Airparif ? Qui, au début de cette séance, a tenté de faire retirer de l’ordre du jour la délibération qui prévoit d’accorder 128.000 euros à Airparif pour faire ses études ? C’est vous ! Vous n’avez pas honte ? Vous demandez que l’on fasse des études avec Airparif et vous voulez couper les crédits d’Airparif ? Vous voulez casser un thermomètre que vous nous demandez d’utiliser toujours plus. C’est cela la réalité.

Le deuxième organisme, c’est l’APUR. Il va faire une étude d’impact en santé plus générale. Parce que, vous savez, libérer les voies sur berges, c’est aussi permettre aux Parisiens d’y faire de l’activité physique, du sport. Mon collègue Jean-François MARTINS sait combien c’est utile pour la santé et je salue son action en la matière.

La présidente de la région Ile-de-France a décidé de supprimer la subvention à l’APUR.

Je veux bien. Mettons-nous tranquillement. Dites-moi si vous souhaitez que d’autres organismes fassent ces études, mais, à un moment, acceptons ensemble le jugement des études scientifiques en toute tranquillité. Elles seront publiées parce que nous allons voter cette subvention.

Et j’en termine. Vous vous rappelez qu’au mois de juin dernier, l’Agence nationale de santé publique a publié une étude que tout le monde connaît, mais il y a un fait qui est paru qui n’a pas été vraiment relayé. C’est que, parmi les 48.000 morts de la pollution en France, si l’ensemble des grandes villes françaises amenait ses taux de polluants au niveau des 5 % les moins pollués, on arriverait à sauver 32.000 vies. C’est considérable. Cela montre la nécessité de mener les politiques publiques, en la matière, de réduction de la place de la voiture. Moi, je suis fier d’être membre d’un Exécutif qui fait de la santé sa priorité. Je suis fier de travailler avec une maire qui dit que la santé publique ne se négocie pas et que c’est la santé de nos habitants qui est le premier critère de nos politiques publiques. Votre premier critère, honnêtement, excusez-moi, je ne l’ai toujours pas compris.

Je vous remercie.