Porte de la Villette : éco-quartier et place du Grand Paris

Intervention d’Aurélie Solans lors du Conseil de Paris de Septembre 2017

Mes chers collègues, dans une question écrite posée à la Maire de Paris en mars 2016, avec les élus écologistes, nous interrogions sur la réalité des ambitions de reconquête urbaine de la porte de la Villette. Nous pensions, par exemple, à l’acceptabilité par les habitants d’une intervention artistique financée dans le cadre du budget participatif, dans un contexte où le sentiment d’abandon de la population était grand, tant il semble parfois que les fonctions urbaines de base sont mal assurées.

Nous nous réjouissons, par conséquent, de la présente délibération qui nous fait vraiment entrer dans la phase de préfiguration opérationnelle du réaménagement dont a vraiment besoin la porte de la Villette.

A cet égard, je souhaite revenir sur les grands principes et les grands objectifs édictés par la présente délibération.

D’abord, premier objectif : restaurer une continuité urbaine entre Paris et les communes limitrophes, Pantin et Aubervilliers en l’occurrence, que la création de la Métropole du Grand Paris rend plus que jamais nécessaire. La localisation de la porte de la Villette est idéale pour cela et son aménagement sera aussi très important pour les habitants de ces villes qui vont en récolter les bénéfices mais aussi les impacts.

Cette opération doit, de fait, bien penser l’amélioration de la qualité de vie des habitants des deux côtés du périphérique. D’ailleurs étrangement, à aucun moment la présente délibération ne fait mention du périphérique, alors que sa présence et le fait qu’il coupe la place Auguste-Baron en surplomb restent un obstacle important à une vraie amélioration de cette porte. Sa transformation profonde est pourtant indissociable de la reconquête et de la valorisation en profondeur de ce site.

Il nous semble en cela indispensable d’avancer sur sa transformation, comme nous l’avons demandé lors d’un vœu adopté ici en juillet 2016 qui proposait son déclassement du réseau national et sa transformation en boulevard urbain, et ce, en parallèle de l’opération d’aménagement de la porte.

Ensuite, deuxième objectif : assurer un mixte logement et activité économique en produisant les logements pour tout public et en développant des activités économiques dans le cadre de l’Arc de l’innovation du Grand Paris. Ce point est particulièrement important. Il est évident que les nombreuses emprises, aujourd’hui délaissées de la Porte de la Villette dont le terrain ex-Préfecture de police et les emprises massives de la S.N.C.F., constituent un potentiel de constructibilité aujourd’hui très rare à Paris et en Petite Couronne.

C’est parce que ce potentiel est grand que je souhaite rappeler le positionnement que nous avons porté lors de la modification du P.L.U., et que nous continuons à défendre pour toutes les grandes opérations d’aménagement. Paris est une ville déjà ultra-dense avec un ratio d’espaces verts par habitant très en-dessous des besoins des habitants. Nous devons saisir les dernières opportunités foncières qu’il reste pour rééquilibrer cet état de fait.

Je le dis très clairement, cet espace foncier ne doit pas servir de fourre-tout qui accueillerait tous les projets parisiens n’ayant pas trouvé de place ailleurs. Cet espace a été trop longtemps délaissé, il faut maintenant lui assurer un développement cohérent, absolument exemplaire, à la fois dans la démarche environnementale, dans l’utilisation fine du foncier, et dans l’équilibre entre espaces verts, logements, équipements et activités.

L’enjeu – je souhaite insister – est aussi particulièrement important pour l’avenir du quartier des Quatre Chemins à Pantin, quartier très populaire qui concentre énormément de difficultés. Nous devons bien penser les besoins à l’échelle métropolitaine.

Pour finir, les objectifs environnementaux affichés dans la délibération mentionnent une démarche environnementale ambitieuse, poussée et exemplaire : la requalification de la Ceinture verte autour de Paris et la restauration des continuités écologiques qui devront constituer la base de cette opération afin d’en garantir l’ambition.

Je terminerai en vous faisant quelques propositions. Cette opération pourrait s’inscrire dans la création d’un nouvel écoquartier, ce qui supposerait un cahier des charges suffisamment contraignant pour garantir l’exemplarité de l’opération.

La notion de continuité écologique devrait se matérialiser dès les premières phases d’études par le tracé de parcours verts. On pourrait ainsi imaginer une prolongation de la forêt linéaire développée le long du quartier Rosa Parks.

Vous l’aurez compris, les Écologistes sont très attentifs à ce que le réaménagement des Portes soit qualitative et que cette opération d’aménagement précisément soit exemplaire et s’intègre dans une vraie stratégie de résilience. Notre collectivité a un devoir d’invention pour rétablir l’égalité aux Portes de Paris.

Je vous remercie.