Approbation du projet de Plan local d’urbanisme bioclimatique de la Ville de Paris

Monsieur le Maire, chers collègues, 

C’est une véritable révolution haussmannienne à l’envers qui se profile. Le nouveau Plan local d’urbanisme bioclimatique marque un tournant majeur dans l’urbanisme parisien. Il s’agit d’une rupture franche avec la politique de densification, de bétonisation et de mal-adaptation qui a pu être menée au cours de ces dernières années. Avec ce PLU, nous entrons dans le XXIe siècle. Sans aucune ambiguïté et c’est un grand motif de fierté, en tant qu’écologistes !

La multiplication et l’intensification des canicules, des périodes de sécheresses ou d’inondations nous rappellent avec force, que, ce qui était hier qualifié de phénomènes extrêmes ou exceptionnels, est petit à petit en passe de devenir la norme. 

L’horizon d’un Paris à 50 degrés n’est désormais plus une fiction. Des chercheurs estiment que nous pourrions connaître un tel pic de chaleur dès 2049. D’ailleurs, nul besoin d’attendre 2049 pour vivre dans sa chair les effets du dérèglement climatique puisque Paris est déjà la capitale européenne où l’on meurt le plus de chaud. 

En parallèle, nous connaissons une crise du logement majeure, subie par des centaines de milliers de personnes qui n’ont pas les moyens de se loger dignement, et ce alors même qu’il reste peu de possibilités de construction.

Notre responsabilité est donc double :

  •  augmenter massivement la place de la nature en ville et de la pleine terre, et opérer une rupture complète avec l’urbanisme de la bétonisation ;
  • développer l’offre de logements sociaux à Paris, principalement dans le bâti existant.

C’est l’engagement que nous voulons prendre, ensemble, pour conjuguer les défis sociaux et environnementaux qui se dressent face à nous. 

Après deux ans de travaux intenses et de dialogues nourris avec l’ensemble des partenaires politiques de cette majorité, avec les services et les associations, nous pouvons être fiers d’affirmer que ce PLUb accroît significativement la pleine terre, renforce le logement social dans le bâti existant, développe une économie durable, accorde la priorité à la santé et limite la densification de la ville.

Ce PLU marque d’abord une rupture nette avec l’hyper-densification.  Avec ce nouveau PLU, il ne sera plus possible de construire au sol. Fini l’exploitation de chaque mètre carré disponible. Les surélévations dans les rues étroites seront limitées, le réflexe de combler les dents creuses abandonné, les cœurs d’îlots préservés. Les tours de grandes hauteurs abandonnées. 

Ce PLU marque également une rupture avec le béton. Après avoir tourné le dos au tout-voiture, Paris souhaite définitivement tourner la page du tout béton en se tournant exclusivement vers les matériaux bio-sourcés en accélérant massivement la végétalisation de la ville, à travers le plan de 300 ha d’espaces verts ouverts au public. Un plan ardemment défendu par les écologistes et notre collègue Emile Meunier au conseil de Paris. Végétaliser la ville, désimperméabiliser les sols pour atteindre 40% des terres perméables, créer des trames vertes, c’est aussi un enjeu de santé publique et de protection des plus vulnérables dans une ville artificialisée à 80%. 

Ce PLU met enfin l’accent sur le logement social en mobilisant le bâti existant pour rendre accessible aux classes moyennes et aux classes populaires, le fait de se loger à Paris. Produire 40% de logements publics d’ici 2035 non soumis aux logiques spéculatives, c’est l’objectif ambitieux que nous nous sommes fixés ! Là où la proportion de logements sociaux est insuffisante, toute construction de logements de plus de 500m2 de surface devra intégrer 30 à 50% de logements sociaux. Toute réhabilitation lourde d’un immeuble de bureaux à l’est ou au centre de Paris devra par ailleurs et obligatoirement transformer au moins 10% de la surface en logement !

Dans le 19e, si nous devions retenir un exemple qui concentre à lui seul une majorité des prescriptions du futur PLU et qui illustre, je le crois, ce qu’une majorité de gauche et écologiste peut imaginer de plus exigeant pour l’urbanisme à l’échelle d’un quartier : c’est la Porte de la Villette et son réaménagement.

D’un lieu de transit irrespirable, véritable îlot de chaleur urbain, la Porte de la Villette va devenir un territoire de vie apaisé, aéré et végétalisé.

Sur les 16ha aménageables de la Porte de la Villette la trame verte sera renforcée par l’aménagement d’un parc de 9 ha minimum composé de 3 jardins/espaces verts reliés par une trame verte. 9ha pour 16ha aménageables. Le ratio est inédit.

Ces 9ha sont une fierté pour les écologistes car cet objectif est le fruit d’un long cheminement et s’ajoutent aux surfaces des espaces libres végétalisés, des lots à construire. Au tout début de notre travail sur le PLU, le point de départ était seulement de 3ha. 3ha. La logique est désormais inversée.

Le bâti et la construction seront l’exception et la nature, la végétalisation constitueront le cœur et les poumons de la nouvelle Porte de la Villette, autour desquels la vie s’organisera.  Une vie apaisée d’abord où le rond-point routier de la place Auguste Baron réduira drastiquement la place dédiée à la voiture pour redonner la place nécessaire aux piétons et au vélo, pour le confort de toutes et tous. Une vie et une ville rafraîchie ensuite, grâce au renforcement de la présence de l’eau et à la valorisation du canal Saint-Denis à travers la création de darses renaturées. Une vie et une ville sobre, enfin, qui accueillera du logement mixte en matériaux éco-conçus et des équipements publics nécessaires aux nouveaux habitants en s’appuyant sur la programmation déjà existante, le tout en tenant à distance le périph pour protéger la santé des habitantes et des habitants. Le tout en tenant à distance le périph pour protéger la santé des habitantes et des habitants.

A ce titre, la préservation des abords du périphérique et l’établissement du zone de non-constructibilité à proximité est une avancée majeure qui se verra renforcée par la transformation, à terme, de cette frontière artificielle qui nuit gravement à la santé des habitantes et habitants, en boulevard urbain.

Ce nouveau PLUb est donc un outil fait d’audace et d’exigence, qui marque notre volonté commune, de garantir avant tout l’habitabilité de notre ville, de protéger les plus vulnérables, de protéger la santé des parisiennes et des parisiens, et de permettre à chacune et chacun de se loger dignement à Paris.

Tout l’enjeu sera désormais de s’assurer des moyens nécessaires et de la volonté politique pour que cet ambitieux document ne reste pas lettre morte PLU. Ecologistes, nous y veillerons scrupuleusement !