Intervention d’Alice Timsit – Budget supplémentaire

Madame la Maire,
Mes chers collègues,

Au-delà de l’appréciation que nous pouvons faire sur la qualité du budget supplémentaire qui est soumis à notre vote et qui témoigne du sérieux de la gestion de notre majorité, les enjeux attachés à ce budget s’inscrivent dans un contexte tout à fait inédit. La crise que nous vivons nous rappelle – si cela était encore nécessaire – l’urgence de changer de modèle.

Ce modèle économique dans lequel nous nous sommes confortés ces dernières années est arrivé à bout de souffle. Il a plongé l’économie réelle en quarantaine, a malmené notre système de santé et n’a surtout cessé de détruire l’environnement dans lequel nous vivons.

A Paris, nous connaissons les raisons qui ont nourri et exacerbé notre vulnérabilité face à la crise: la sur densification de l’habitat, le manque d’espaces verts, la précarité alimentaire, pour ne citer que quelques exemples…

La municipalité a pourtant su démontrer sa réactivité et son adaptabilité en déployant un plan de relance constitutif d’un véritable bouclier social. Paris a engagé des dépenses supplémentaires substantielles et notamment au titre des prestations sociales que la municipalité avance à l’Etat. Ces dépenses, ont permis de faire face à la précarité d’un grand nombre de personnes comme les familles monoparentales… A ce titre, la hausse attendue du nombre de bénéficiaires du RSA en raison de la crise, se traduit par une augmentation de 25M d’euros, inscrits au budget supplémentaire. Cette réactivité, que nous saluons, nous conduit ici à formuler deux observations.              

D’une part, l’échelon territorial s’est révélé, avec encore plus d’acuité, d’une grande pertinence pour faire face à la crise et pallier les insuffisances étatiques.

D’autre part et au regard du choc budgétaire que l’Etat fait déjà peser sur la municipalité (baisse des dotations de l’Etat, hausse des péréquations et prochainement remplacement de la taxe d’habitation), nous devons étudier et engager tous les moyens nécessaires pour que l’Etat respecte effectivement l’obligation constitutionnelle de compensation et rembourse ainsi sa dette à l’égard de la ville ; dette sociale qui s’élève aujourd’hui à près d’1,7 milliard d’euros. C’est un enjeu crucial pour que la ville puisse continuer à répondre à ses obligations auprès des habitantes et des habitants.

Ce budget supplémentaire fait office de véritable bouclier social, nous l’avons dit. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : en témoignent notamment les subventions versées en faveur d’association d’aide alimentaire. Ce budget supplémentaire mériterait toutefois d’être abondé, comme nous l’avons demandé, de 2M d’euros en faveur de la création d’un accueil de jour et de nuit à destination des jeunes mineurs étrangers isolés. Ne laisser personne de côté, y compris les publics en situation d’extrême précarité et ce malgré la défaillance de l’Etat : c’est tout le sens de l’amendement budgétaire que nous avons déposé.

En parallèle, ces dépenses supplémentaires s’accompagnent d’une baisse significative des recettes de la ville ; ici au bénéfice des acteurs économiques de notre territoire. A ce titre, l’exonération des redevances d’occupation du domaine public des terrasses de cafés a été salutaire pour la pérennité de nombreux établissements et la préservation de centaines d’emplois.

Cette augmentation des dépenses, si elle a été amortie par l’épargne brute de la ville, doit toutefois nous interroger sur la trajectoire que nous voulons donner à la dette de la ville surtout lorsque l’on sait que l’autorisation d’emprunt augmente de 421,2 M et se porte désormais à 929,4 M.

La crise sanitaire, nous invite donc, plus que jamais, à innover en matière budgétaire garantir sur le long terme la soutenabilité de la dette et s’affranchir de sources de financement trop souvent incompatibles avec la protection de l’environnement.

La transition écologique est l’ambition que nous partageons pour cette mandature. Nous ne pourrons atteindre les objectifs du plan climat qu’en s’affranchissant de la doctrine selon laquelle le recours à l’emprunt serait l’unique moyen de se dégager des marges de manœuvre financières. Nous devons aussi explorer des pistes de résiliences économiques en abandonnant l’idée de grands projets dispendieux, en reprenant le contrôle sur nos communs à travers la mise en régie de certains services essentiels à la population ou encore en investissant massivement dans les filières d’avenir et de proximité telles que l’Economie sociale et solidaire…

L’échelon de la ville et de la métropole est assurément pertinent. Soyons-en convaincus et engageons avec détermination le dialogue avec l’Etat pour un nouveau pacte girondin de la transformation écologique. Dans le cadre des nouveaux contrats plan Etat Région, il est impératif que la ville et la métropole soient pleinement associées à la définition des investissements prioritaires sur leur territoire.

Je vous remercie.