Rentrée scolaire 2016

Intervention d’Aurélie Solans relative à la communication sur la rentrée scolaire 2016

Madame la maire, mes chers collègues,

La rentrée 2016 à Paris voit la signature d’un nouveau projet éducatif de territoire, document cadre des politiques et des partenariats autour de l’école, dont nous avions besoin. Après 4 ans de mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires, les évolutions, les changements, rendaient nécessaire ce travail.

Comme partout en France, cette rentrée est marquée par la sécurisation des écoles, qui a été une préoccupation importante, dans le contexte national actuel et après les événements tragiques que nous avons connus. Cela a représenté une mobilisation indispensable, qui doit se poursuivre et que nous devons pouvoir évaluer, y compris sur le plan pédagogique.

Côté scolaire, notre ville a obtenu des ouvertures de classes, et aussi des fermetures de classes encore trop nombreuses, même si parfois elles ne suscitent pas d’oppositions, au vu des baisses d’effectifs. Mais elles s’appliquent avec une logique encore bien trop comptable. Et leur application au fil de l’eau année scolaire après année scolaire doit faire place à une réflexion concertée.

Ces fermetures de classes, oui, vont de pairs avec une baisse de démographie scolaire dans nos établissements publics.

Ces effectifs en baisse – Que disent-ils de la réalité démographique de nos quartiers ? Que masquent t ils ?

Cela a fait l’actualité des journaux en cette rentrée parisienne.

Les stratégies d’évitement des familles vont bon train et les établissements privés concentrent une forte proportion d’enfants de milieux favorisés quand certains de nos établissements publics parisiens jusqu’à 65% d’enfants de milieux défavorisés.

Et que dire de notre sectorisation qui structure de fait une forme de ségrégation spatiale avec des collèges publics accueillant une majorité d’élevés plus favorisés quand d’autres collèges accueillent à l’inverse une majorité des moins favorisés socialement. Ce n’était certes pas l’intention du dispositif mais il y a là des inégalités que nous ne pouvons perpétuer.

De façon évidente, dans bien des quartiers, la mixité sociale réelle n’est plus représentée dans les classes.

Nos quartiers populaires parisiens, si métissés, si riches de diversité, terreau d’un vivre-ensemble ouvert à l’Autre et au monde, en sont mis à mal dans leur identité. Je peux en témoigner en tant qu’élue du 19e.

Dans des quartiers si familiaux, l’école est lieu de rencontre, d’échange, de construction de lien social.

Nous devons agir pour que cette réalité perdure.

D’autant que nous le savons, la mixité sociale favorise la réussite scolaire de chacun.

La refonte annoncée des procédures d’affectation dans les collèges est un élément de réponse qui doit être débattue et mise en œuvre. Paris doit travailler avec l’Education Nationale à une sectorisation multi collège qui favorise la mixité sociale.

C’est ce que les élus écologiste parisiens demandent aujourd’hui au sein d’un vœu de mobilisation autour de l’école publique parisienne sur deux axes forts.

Il y a urgence à construire une école de la réussite de tous.

Premier axe donc l’école publique doit devenir plus attractive et plus mixte socialement. La sectorisation en est un élément. Et, mon collègue Yves Contassot y reviendra pour le groupe écologiste, Paris doit amplifier la mobilisation de moyens matériels et humains pour un accueil dans des conditions favorables, au service de projets éducatifs bienveillants et de pédagogies sans cesses renouvelées.

Deuxième axe : Des instruments de pédagogie innovante doivent être développés.

Le temps de classe doit même s’il n’est pas de notre ressort direct est et doit demeurer central dans nos préoccupations. Il faut impulser une transformation des pratiques et des dispositifs pédagogiques, bien sur avec des moyens, travail collectif- formation continue- renforcement des RASED, les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté par exemple. Et oui le dispositif « Plus de maîtres que de classes » doit se développer en réseau d’éducation prioritaire.

Il faut enfin se saisir des expériences pédagogiques qui ont montré leur intérêt et fait leur preuve.  Des établissements publics innovants avec des équipes constituées sur projet devraient émerger à Paris.

Des projets de classes, y compris pour répondre à des situations d’urgence, peuvent être impulser, avec une aide de la ville, dans un partenariat avec l’Education Nationale.

Enfin, accueil des parents, et accompagnement de la parentalité demandent une mobilisation dans une école qui, malgré des intentions officielles fortes, avance lentement sur ce point alors que les recherches sur le sujet les désignent comme cruciaux. Sur un tel enjeu, notre collectivité porte la problématique avec des projets novateurs. Elargissons le champ de ces actions autour de la parentalité au champs scolaire !

Au niveau municipal, Nous devons mettre en œuvre tout ce que nous pouvons pour soutenir la réussite des enfants, pour accompagner les équipes éducatives.

Le nouveau PEDT enregistre des avancées et une ambition renforcée. L’accueil périscolaire se professionnalise. Les 50 préconisations de la mission d’information et d’évaluation à laquelle Marie Atallah et moi-même avons participé au nom du groupe écologiste ont enrichie une feuille de route. Rappelons que le temps du périscolaire correspond à un temps équivalent à la classe pour certains enfants.

Les propositions en matière d’accès à la Culture s’élargissent et s’enrichissent. Nos écoles, nos collèges, portent des projets exemplaires ou novateurs, avec des partenariats avec des grands établissements culturels parisiens, Le Louvre, La philharmonie, Radio France, ou encore des classes à horaires aménagées, des classes Freinet ou Montessori.

Mais cela ne suffit pas à inverser la tendance. La ségrégation, il faut l’appeler ainsi, gagne du terrain dans nos écoles.

Et certains quartiers concentrent toujours trop d’échec scolaire ET de décrochage scolaire.

Je veux donc pour finir revenir, insister sur nos propositions en matière d’innovation pédagogique. Un des axes centraux de votre communication, madame la maire, porte sur la lutte contre le décrochage scolaire : dans ce domaine les pédagogies innovantes ont fait leur preuve, ce combat est au centre des préoccupations de celles et ceux qui les portent.

Avec le rectorat, les parents, les enseignants, les acteurs éducatifs dans et hors des écoles, des chercheurs, sociologues, pédagogues, … nous devons construire des démarches innovantes pour renouveler l’école.

En cette rentrée, le groupe écologiste en formule le vœu.

Nous resterons attentifs, mobilisés et disponible sur cet enjeu majeur pour Paris.