Retour éventuel d’un ministère de l’Immigration : non à une répétition du débat sur l’identité nationale

Ce lundi, nous avons appris par voie de presse que le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, envisagerait le retour d’un ministère de l’Immigration. Guy Benarroche, sénateur membre de la commission des Lois, réagit : “Sortir l’immigration du ministère de l’Intérieur, c’est une demande que nous formulons depuis des années. Si cela s’inscrivait dans un changement complet des politiques, avec des orientations humanistes, réalistes, inclusives, nous ne pourrions qu’y être favorables. Néanmoins, les prises de position de Michel Barnier ces dernières années vont plutôt dans le sens d’une vision extrêmement répressive et, dans ce contexte, nous ne pouvons que redouter la création d’un ministère de la répression des migrants, adepte d’une politique migratoire sécuritaire, et le retour du très décrié ministère de l’Identité nationale, créé en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy.”

Depuis la parution de plusieurs articles de presse évoquant l’hypothèse de la création d’un ministère de l’Immigration, plusieurs associations s’inquiètent légitimement de l’approche qui sera celle du gouvernement Barnier, ce dernier ayant mis en avant des propositions, notamment lors de sa candidature à la primaire des Républicains pour l’élection présidentielle de 2022, particulièrement répressives en la matière, et ce au mépris de la hiérarchie des normes et de la primauté du droit européen.

Cela intervient quelques jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon, dans un contexte où le Rassemblement national a été placé en arbitre et exerce une pression de fait sur le futur gouvernement, et après des années de dérive progressive de la droite républicaine comme du camp macroniste, tous deux reprenant progressivement à leur compte les mesures et positions de l’extrême droite, comme cela s’est vu lors du récent projet de loi Asile et Immigration.

Changeons de paradigme sur l’asile et l’immigration : nous demandons la mise en place d’une politique des migrations associant l’ensemble des acteurs ministériels, locaux et associatifs. Adapter notre politique de l’asile pour traiter les questions migratoires dans leur globalité, et non sous le seul prisme du travail et de la répression, avec la création d’un ministère dédié à la politique d’immigration, d’accueil et d’intégration, voilà le réel enjeu politique de ces prochaines années.