Ouverture d’un centre humanitaire pour les réfugiés

Intervention d’Aurélie Solans relative à la création d’un centre humanitaire pour les réfugiés

Merci, Monsieur le Maire.

Madame la Maire, mes chers collègues, comme l’a dit ma collecte Galla BRIDIER, l’ouverture d’un centre de premier accueil humanitaire est attendue depuis le début de la crise des réfugiés.

Cette crise, mes chers collègues, est aujourd’hui dans les rues de Paris une véritable crise de l’accueil. Nous en sommes les témoins, jour après jour, et les habitants des quartiers où s’installent les campements indignes en sont les spectateurs interdits, indignés.

Cette situation, nous devons en prendre la mesure, marque durablement les quartiers déjà fragiles. D’une façon générale, les riverains toujours se sentent abandonnés des pouvoirs publics. Car si la mobilisation de moyens considérables est engagée depuis le début de la crise, en particulier avec un investissement exceptionnel de notre collectivité, la temporalité des actions est incompréhensible. Quand il faut attendre des semaines une mise à l’abri, ce sont tous les besoins primordiaux d’êtres humains laissés sur le trottoir qui ne sont pas assurés. C’est une urgence humanitaire à laquelle on ne répond pas.

Alors oui, aujourd’hui, le groupe Ecologiste de Paris vote avec conviction cette délibération pour mettre fin aux campements de réfugiés qui sont inhumains.

Pour ma part, je voterai avec émotion ce point de départ d’un dispositif d’accueil qui prend en compte chaque étape, qui fait face aux besoins humanitaire, qui assume nos engagements sur le droit d’asile et les droits humains.

La Chapelle, Pajol, la caserne de Château-Landon, Eole, Jean-Quarré, Jean-Jaurès, Stalingrad, boulevard de la Villette, avenue de Flandre évacuée la semaine dernière et de nouveau reformée, tous ces sites où ont trouvé refuge au fil des deux dernières années plus de 20.000 réfugiés. L’ouverture de ce centre à destination des primo-arrivants nous semble donc essentielle dans notre volonté de permettre un accueil et une mise à l’abri digne.

Le choix d’ »Emmaüs Solidarité » pour porter ce projet a aussi de quoi rassurer et convaincre. Cette association a fait ses preuves et son expérience dans la gestion de centres pour publics vulnérables en fait un acteur incontournable de l’action sociale et de l’humanitaire sur le territoire parisien.

Une mise à l’abri, un bilan médical, des informations sur leurs droits et sur les démarches, telles sont les missions de ce lieu de premier accueil. Une attention particulière sera consacrée à un accompagnement psychologique.

Nous tenons à saluer une prise en compte plus importante de cette dimension. En effet, l’expérience montre à quel point les parcours migratoires et les vécus traumatiques antérieurs à leur départ doivent faire partie du tout premier accueil.

Les familles et les femmes auront leur site dédié à Ivry au Sud de Paris. Nous voulons saluer cette décision car oui, il faut ouvrir plusieurs sites, répartis sur le territoire.

Nous souhaitons le redire encore : ouvrons des centres à taille humaine, qui peuvent travailler à s’ouvrir sur leurs quartiers, fédérer les solidarités citoyennes qui favorisent un véritable accueil.

Je veux profiter de ce débat pour mentionner une subvention à notre ordre du jour à deux associations qui accompagnent la mobilisation des bénévoles dans le cadre de l’accueil des réfugiés à Paris. Cette délibération s’attache à une préoccupation importante, celle de la mobilisation citoyenne et de son accompagnement. Il s’agit d’enjeux fondamentaux dans le plan de mobilisation de la Communauté de Paris pour l’accueil des réfugiés.

L’implication de toutes et tous est fondamentale pour permettre à notre ville de devenir véritablement une ville refuge. Les institutions ne peuvent agir seules, elles doivent être moteurs, proactives et poser des cadres permettant l’action citoyenne.

Nous le constatons partout où les bidonvilles et les campements de migrants s’installent : les citoyens se mobilisent pour répondre aux urgences, tendre la main. A Grande-Synthe, cette mobilisation a été une pierre majeure à l’édifice du dispositif d’accueil. Je tiens à saluer l’investissement extraordinaire d’ »Utopia 56″ à Grande-Synthe et dans la jungle de Calais.

Bien qu’il soit hors de question que les bénévoles se substituent aux pouvoirs publics, leur mobilisation est une réelle force dans notre combat pour l’accueil digne des réfugiés.

Nos attentes se dirigent désormais en direction des centres d’accueil prévus, mais nous n’oublions pas les migrants toujours à la rue aujourd’hui. Nous devons agir dans l’attente de l’ouverture du centre de la Porte de la Chapelle. Dans l’intervalle, prenons nos responsabilités et redonnons confiance en la capacité de notre puissance publique à faire face, dans le respect des conventions internationales.

Les vérifications administratives avec O.Q.T.F. – obligation à quitter le territoire -, qui déploient des opérations de police dénudées de toute mise à l’abri, doivent cesser avenue de Flandre. Il faut de toute urgence mettre fin aux campements. Nos quartiers attendent le retour de l’Etat pour protéger ces populations vulnérables et donner un avenir à chacun.

Je vous remercie.