Réfugiés: il faut réunir les conditions d’un accueil digne et humain

Intervention d’Aurélie Solans lors du vote d’une subvention à la Croix-Rouge française pour la mise en place d’un accompagnement social des réfugiés mis à l’abri par le Département de Paris à l’hôtel.

Monsieur le Maire, mes chers collègues, nous avons à voter une subvention à la Croix-Rouge française pour la mise en place d’un accompagnement social des réfugiés mis à l’abri par le Département de Paris à l’hôtel.

Nous souhaitons par cette intervention relever cette action ciblée, plutôt modeste, de 36.828 euros. Elle nous apparaît pourtant tout à fait importante.

D’abord, parce qu’il s’agit de poursuivre la mise en œuvre du plan Migrants parisien, présenté au plus fort de l’émotion face à la crise des réfugiés.

Ensuite, parce que cette mesure est attendue depuis cet été face à un constat partagé par tous sur le terrain. Sur ce point, nous pouvons certainement en tirer bien des conséquences par rapport à notre capacité à faire face à l’urgence.

Enfin, parce que cette mesure vise à organiser un accueil digne et humain, là où pour le moment nous sommes encore loin du compte.

En effet, depuis juin dernier, notre département prend en charge le coût des nuitées hôtelières des publics particulièrement vulnérables rencontrés sur les contenants des migrants. Mais seuls et sans accompagnement, cette mise à l’abri en hôtel ne suffit pas. Un suivi, un accompagnement sont nécessaires, en particulier pour les actes les plus élémentaires du quotidien, en premier lieu l’alimentation.

Les témoignages font état de situations rendues très compliquées par l’éloignement de Paris et au rendez-vous, par exemple, C.A.F.D.A. ou en préfecture, et dans des secteurs ou l’accès aux premières nécessités est éloigné : magasins, épiceries solidaires, hôpital, P.M.I. laverie. Ces familles se retrouvent de fait souvent éloignées de tous les liens solidaires tissés et si précieux.

Certes des colis alimentaires ont été mis en place mais le dispositif peine à se déployer. D’une façon générale, les traductions manquent, notamment sur les supports écrits et cela, dès le tout premier accueil, par exemple, par l’unité d’assistance aux personnes sans abri parisiennes.

Les explications données aux familles adaptées manquent. Le suivi proposé et expérimenté ici auprès des familles migrantes mises à l’abri à l’hôtel est donc une réponse qui facilitera, et le quotidien des conditions sanitaires, et le parcours vers le droit d’asile et les dispositifs de droit commun.

Ce dispositif que nous votons aujourd’hui par cette convention avec la Croix-Rouge devra diminuer un minimum ces situations anxiogènes créées par un système bien complexe où vous changez d’hôtel d’une nuit à l’autre sans comprendre, où vous êtes en permanence dans l’anxiété de savoir si votre mise à l’abri ne va pas prendre fin le soir même.

Faut-t-il rappeler les parcours traumatiques de ces familles migrantes qui doivent être pris en considération ?

Mes chers collègues, j’aimerais élargir le champ. Au-delà de ce dispositif, ce sont ces mises à l’abri en hôtel qui sont à mettre en question d’une façon générale. Elles viennent pallier un manque auquel nous devons réussir à mettre fin. Le manque de centres d’accueil et d’hébergement pour les familles, en particulier les femmes seules avec enfant.

Nous savons que ce constat, nous le partageons pleinement, avec pour preuve l’ouverture de places par notre collectivité à Belleville et bientôt à Bourg-la-Reine. Mais de l’avis de tous, elles ne suffiront pas et la réactivité de notre collectivité à les ouvrir peine et permet de le confirmer.

Nous devons en ouvrir d’autres et arriver enfin à une situation digne pour ces familles. Je pense tout particulièrement bien sûr aux enfants, à quelques jours de la Journée mondiale de défense et de promotion des droits de l’enfant, qui doivent bénéficier d’un hébergement moins morcelée, plus adapté à leurs besoins, permettant un accès aux premières nécessités avec un suivi, un accompagnement tant sur le plan administratif que du quotidien ou de la santé.

D’une façon générale, nous devons arriver à ce que ces situations d’hébergement d’urgence qui peuvent durer plusieurs mois ne soient pas un frein à la scolarisation de ces enfants. L’accès le plus rapide possible à une éducation scolaire répond à un enjeu de premier ordre pour ces enfants réfugiés. Or c’est bien un des problèmes majeurs soulevés par le recours aux nuitées hôtelières. Les enfants doivent être scolarisés beaucoup plus vite.

Je vous remercie.