Stratégie Handicap 2017 – 2021

Intervention d’Aurélie Solans relative à la stratégie Handicap 2017 – 2021

Madame la Maire, mes chers collègues, en tant que présidente de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées, je suis évidemment très heureuse de voir aboutir cette nouvelle stratégie. Des avancées considérables ont été permises avec le précédent schéma et pourtant, mes chers collègues, beaucoup reste à entreprendre. Faire de Paris une ville résolument bienveillante, résolument accueillante pour toute personne qui vive pour un temps ou pour toute la vie avec un handicap est un combat que nous devons poursuivre. Bien évidemment, de par mon expérience à la présidence de la C.D.A.P.H., je veux insister aujourd’hui sur la M.D.P.H. dans ce travail.

La stratégie que nous adoptons consacre – et c’est vraiment nécessaire – le rôle pivot de la M.D.P.H. dans notre politique handicap. Je tiens d’ailleurs à féliciter les équipes de cette institution pour leur travail remarquable face à l’augmentation du nombre de demandes : plus de 40.000 situations individuelles analysées par an, avec 26.600 Parisiens bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé, ou encore 5.000 bénéficiaires de la P.C.H., la prestation de compensation du handicap. Les délais moyens d’attente se sont enfin stabilisés à un niveau très raisonnable, aujourd’hui en-dessous de la barre des quatre mois. Quand on considère que nous avons si peu augmenté les moyens, avec, en plus, une hausse des demandes, on peut tirer notre chapeau.

Je veux insister sur les conséquences énormes pour les Parisiens. Comment attendre une prestation dont les droits ne sont toujours pas ouverts quand la maladie vous emporte, quand vous avez à faire face aux conséquences d’un lourd accident ? C’est dans le concret de nos vies, et à toutes et tous, qu’impacte la capacité de la M.D.P.H. à répondre vite. La M.D.P.H. est le carrefour de la politique du handicap. Elle est le guichet incontournable aujourd’hui pour les personnes handicapées. Ces missions évoluent et nous pouvons, nous devons renforcer son rôle à Paris.

Je souhaite relever deux engagements forts dans la nouvelle stratégie pour accompagner ses évolutions attendues. Tout d’abord, sur la M.D.P.H. centre de ressources, ensuite, sur la M.D.P.H. pivot des orientations et des accompagnements.

Enfin, dernier point, je veux insister, à quelques jours de la Journée mondiale de l’autisme, sur les enjeux majeurs que nous avons à ne laisser personne sans solution, à mettre fin au départ subi à l’étranger, faute de prise en charge chez nous. C’est un point fort de cette nouvelle stratégie que de faire de l’autisme une priorité pour Paris.

Premièrement, la M.D.P.H. doit devenir un véritable centre de ressources. Notre nouvelle stratégie en donne le cap. Nous devons permettre aux personnes, au-delà des démarches liées à l’accès aux droits, d’avoir accès aux dispositifs qui facilitent l’inclusion dans la cité. Il faut donc asseoir la M.D.P.H. comme carrefour de l’information sur les dispositifs à destination des personnes handicapées. Elle peut devenir un pôle ressources pour les associations. Mais, dans cette démarche, la première des priorités est certainement de la doter d’un site Internet en propre résolument accessible au plus grand nombre, quel que soit son handicap, puis, via ce site, de faciliter l’accès aux droits, y compris au travers de la dématérialisation des dossiers. C’est le cas désormais quasi partout : CAF, assurance maladie, pour ne citer qu’elles. Il faut moderniser notre dispositif. Ce sera une action de la stratégie on ne peut plus attendue.

Deuxièmement, des actions pour renforcer le positionnement de la M.D.P.H. comme pivot des orientations et des accompagnements. La M.D.P.H. constitue la tour de contrôle d’une politique départementale d’accompagnement du handicap, tout d’abord pour élaborer des réponses adaptées aux besoins des usagers. En particulier lorsque cette réponse mobilise des équipements médicosociaux, la M.D.P.H. doit pouvoir disposer d’une information la plus fiable possible pour garantir l’effectivité de l’accompagnement. De plus, à l’issue de l’orientation prononcée, l’entrée effective dans un établissement parisien est souvent difficile, obligeant, par là-même, des Parisiens à rechercher des places en dehors de Paris. Il faut donc renforcer la place de la M.D.P.H. dans le processus d’entrée en établissement médicosocial. Elle va abonder vers une meilleure cohérence de la mobilisation des ressources de notre territoire, tout autant que d’une meilleure évaluation des besoins.

Enfin, il faut mettre en œuvre la réponse accompagnée pour tous et les plans d’accompagnement globaux, les fameux P.A.G. Les plans d’accompagnement globaux doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2018. La M.D.P.H. doit organiser au plus vite ces P.A.G. pour répondre aux besoins prioritaires des Parisiens pour lesquels la complexité de leur situation les laisse sans solution adaptée. L’objectif « zéro personne sans solution » à atteindre est le défi à relever. Il s’agit d’une perspective de grande ampleur : la pénurie de lieux adaptés pour des profils complexes et singuliers, en premier lieu, bien sûr, pour ceux présentant des troubles autistiques, des polyhandicaps ou certains troubles du comportement, rend cette démarche indispensable. C’est une étape importante pour la poursuite des objectifs d’égalité de la loi de 2005. C’est un nouveau métier pour cette institution.

Des actions concrètes sont prévues par la nouvelle stratégie, dès 2017. La candidature de Paris à l’appel à projets « Une réponse accompagnée pour tous » pilotée par le comité interministériel du handicap, en sera un jalon intéressant.

Evidemment, pour renforcer son rôle de pivot, tout en maintenant le cap du délai d’attente minime, il convient de renforcer ses moyens financiers. La nouvelle stratégie en prend acte, certes, mais dans le contexte actuel il conviendra d’être extrêmement vigilant.

La stabilité financière de la MDPH n’est pas acquise à terme. Et ce, d’autant que l’État n’a pas, contrairement au Département de Paris, augmenté sa participation, à l’exception de l’Éducation nationale. Dans le GIP, il convient bien que toutes les parties jouent le jeu. Nous serons, au groupe Ecologiste de Paris, attentifs et mobilisés sur cet enjeu majeur pour mener à bien nos ambitions d’égalité et de solidarité.

Dernier point que je souhaite relever de cette stratégie handicap, la priorité de l’autisme est actée comme une priorité. Je veux d’autant insister que cela a déjà été dit, nous sommes à quelques jours du 2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Aujourd’hui, 1 personne sur 150 dans le monde est concernée. Les troubles du spectre autistique touchent un nombre croissant d’enfants et de personnes adultes à Paris.

La volonté politique semble bel et bien là. Notre collectivité s’engage à  faire progresser la place des personnes avec autisme dans la cité et à améliorer la prise en charge. Les besoins sont importants et les solutions adaptées éminemment insuffisantes. Nous nous étions toutes et tous accordés sur cela lors de notre débat sur le handicap en 2015, plus aucun Parisien ne doit partir en Belgique ou ailleurs faute de place.

C’est pourquoi je veux souligner des actions dont nous attendrons les réalisations.

L’offre médico-sociale qui sera renforcée par des ouvertures de structures et des expérimentations, notamment dédiées aux cas les plus complexes, c’est une priorité.

Les P.M.I., les crèches, les écoles sont mobilisées dès le plus jeune âge : actions de repérage, d’accompagnement des familles et d’interventions en PMI, et la mise en place avec l’Agence régionale de santé du diagnostic très précoce de l’autisme, dès 18 mois.

L’ouverture d’unités d’enseignement pour enfants autistes, qui va se poursuivre sous l’impulsion du rectorat de Paris.

À cela devra s’ajouter d’ailleurs, nous l’espérons, une vraie montée en compétence des équipes de toutes nos structures de la petite enfance parisienne et de toutes nos équipes municipales périscolaires.

Je laisserai ma collègue Galla BRIDIER insister sur l’accessibilité de notre ville, notamment de nos logements qui doit s’amplifier.

Je conclurai en insistant à nouveau, à la suite de David BELLIARD, sur la nature nécessairement transverse de nos politiques handicaps, en promouvant pour toutes les personnes handicapées, quel que soit le handicap, une ville inclusive et universelle où chacun doit avoir accès à l’éducation, au travail, aux soins, aux loisirs, à la culture, à la participation citoyenne et sociale. Et bien sûr, je veux le redire, il faut des moyens à la hauteur.