Intervention d’Alice Timsit concernant les fermetures des lycées Brassens et Carrel

Monsieur le Maire, chers collègues, 

Ce matin, en marge du Conseil inter académique de l’Education nationale qui s’est tenu à la région Ile-de-France, les élèves, les personnels, les enseignants ainsi que les syndicats concernés par la fermeture annoncée de 7 lycées à Paris, étaient mobilisés et en nombre, pour s’opposer à la fermeture de leur lycée

Cette décision unilatérale et sans concertation préalable de la région Ile-de-France et du Rectorat est extrêmement brutale pour toute la communauté éducative et les élèves, pour qui l’incertitude règne désormais quant à leur devenir.

Cette décision, je tiens à le préciser, n’a fait l’objet d’aucune, je dis bien AUCUNE, présentation appropriée dans les instances de dialogues sociales ni davantage de concertation dans chaque établissement, avec les élèves, les enseignant.e.s et les personnels.. c’est dire la considération qui leur est réservée. 

Or, la fermeture d’un établissement cela a un effet très concret sur les familles, les élèves et notamment leur qualité de vie et d’étude selon les temps de transport, mais aussi sur la cohérence de la communauté académique, un effet très concret aussi sur le projet d’établissement et le projet éducatif qui est proposé pour les lycéens.

On ne saurait imaginer qu’une telle décision aussi importante ait été prise sans concertation aucune et pourtant c’est précisément ce qui s’est passé: qu’allons-nous dire aux élèves du lycée Armand Carrel qui devront désormais se rendre dans le 7e, le 15e et le 17e pour étudier ? Que pouvons-nous leur dire si ce n’est que nous rejetons cette décision brutale ?

Alors, au-delà de cette absence de concertation, les arguments invoqués par la région Ile-de-France et le Rectorat résonnent comme des prétextes destinés à masquer la réalité d’une politique publique libérale, assumée, de “rationalisation” des moyens aux dépens de l’éducation des élèves. L’objectif unique de cette restructuration, il faut se le dire, c’est de faire des économies sur le dos de la formation professionnelle des élèves. Point barre.  

Car c’est de ça dont il s’agit. La vétusté des locaux, argument invoqué par la région, ne saurait être un argument suffisant de nature à justifier la fermeture des lycées dont la rénovation appartient précisément à la région Ile-de-France. La fermeture d’un lycée n’est en aucun cas une réponse satisfaisante pour pallier l’insuffisance d’investissements passés pour réaliser des travaux d’isolation ô combien nécessaires tant pour le confort des élèves et du corps enseignant que pour le climat.

Autre argument brandi: la fermeture serait justifiée par une baisse des effectifs. Soit. Mais encore faut-il s’interroger sur la raison qui préside cette baisse des effectifs. Si elle est souvent multifactorielle, à Brassens par exemple, la baisse constatée des effectifs est notamment et délibérément organisée par le rectorat qui refuse quasi systématiquement les candidats des classes CHAM du CRR du 93 par exemple.

Enfin, l’argument qui consisterait à dire que nous devrions accompagner la fusion Bergson-Brassens pour favoriser la mixité scolaire et ainsi mettre un terme à une forme de ségrégation scolaire dans notre arrondissement aurait mérité d’être discuté en amont et ne nous semble pas aujourd’hui recevable. Puisque cela revient à prendre le problème à l’envers.

Mettons d’abord en place les politiques publiques nécessaires à favoriser la mixité sociale dans TOUS nos établissements scolaires, et dressons nous contre TOUTES les atteintes aux moyens dédiés à l’éducation de nos jeunes, contre toutes les fermetures d’établissements. La brutalité de l’annonce des différentes fermetures ne fait aucun doute: l’intention derrière n’est pas celle de favoriser la mixité mais bien de faire des économies au détriment des jeunes de nos quartiers, c’est l’issue de la réforme de la voie pro voulue par le Gouvernement.

Nous demandons donc à travers ce vœu à ce que la Mairie du 19e, demande à ce que Madame Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île de France, et le Ministère de l’Éducation nationale, assurent le maintien des établissements du 19e concernés par le projet de fermeture et garantissent leur bon fonctionnement et la sauvegarde des apprentissages qui y sont proposés.