Monsieur le maire,
cher.es collègues,

Le rôle des architectes et des urbanistes, mais aussi des habitants et des élu(e)s, c’est de construire des solutions, de créer une urbanité, avec un regard métropolitain.

Cela demande beaucoup d’énergie, de créativité, de liberté : un document comme un PLU doit être construit sur cette base. En partant des territoires, des lieux, avec pragmatisme, mais aussi avec audace, pour permettre de réaliser le futur, et pas seulement de l’écrire.

Il ne faut pas juste « bricoler » une ville, il faut étudier, réunir les acteurs et discuter avec eux dans leur diversité, à tous les stades du projet.

Il faut protéger les lieux magiques, et en créer de nouveaux porteurs d’urbanité, en répondant aux besoins, notamment en matière d’environnement, mais aussi de logement, d’emploi et d’équipements.

Ce travail, c’est du positif. Il faut permettre de refaire la ville en la respectant et en l’améliorant, notamment face aux défis climatiques. 

La révision d’un PLU, c’est une aventure, avec des surprises, parfois des contradictions ou des déceptions. C’est se réinterroger, pour favoriser la ville mixte dans un monde complexe.

C’est un défi, qui demande un esprit libre et ouvert. Il faut inventer et convaincre, pour favoriser le vivre-ensemble. Les élus écologistes dans cette entreprise, se sont voulu rassembleurs pour arriver à concilier gestion la ville et urgence écologiste.

Maintenant la révision du Plan Local d’Urbanisme (le PLU), pour qu’il devienne bioclimatique, arrive à un nouveau stade. Les textes une fois publiés, pourront être consultés pour avis, par le préfet, la région, les départements de la petite couronne, la métropole, les communes voisines, les établissements publics de coopération intercommunales, la SNCF, etc…

Ensuite il y aura une enquête publique auprès des parisiens à l’automne prochain.  Après d’éventuels ajustements, qui seront proposés par la commission d’enquête dans son rapport. Le PLU sera re-proposé aux conseils d’arrondissement et conseil de Paris pour approbation finale courant 2024. Le PLU pourra enfin entrer en vigueur après les formalités de publicité.

Le processus aura été complexe, et c’est bien normal pour une entreprise de cette dimension et de cette importance. Nous avons relevé un notable effort de concertation auprès des habitants, et surtout une volonté d’aboutir à un consensus avec les partenaires politiques de la majorité. Les consultations se sont échelonnées sur bien deux ans tant la tâche était grande.

Le PLU qu’avons-nous là ?

Un état des lieux, un Diagnostic, qui donnent un Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD),un gros pavé ; le Règlement (les règles d’affectation des sols et pour encadrer les destinations des constructions; ainsi que leurs qualités urbaines, architecturales, environnementales et paysagères) bien plus épais que le règlement précédent notamment à cause surtout des innombrables exceptions ; enfin les Orientations d’aménagements et de Programmation (OAP) [ 7 OAP thématiques (des thèmes importants comme « Liens métropolitains » et « Santé publique et environnementale »), et 13 OAP sectorielles (dont évidemment l’OAP « Porte de la Villette« )]

Il serait trop long de détailler ici toutes les avancées et tous les éléments intéressants, et rappelons l’importance qu’il y ait un temps de réflexion et de dialogue à l’automne, autour de ces documents pendant l’enquête publique pour en débusquer les contradictions et les améliorations envisageables.

Ce que nous pouvons globalement en retenir de positif : une volonté forte et affichée d’arriver à un PLU bioclimatique adapté aux défis de notre époque et de notre Ville qui par l’intensité des usages qu’elle accueille et sa minéralité qui la rendent trop sensible au phénomène d’îlot de chaleur urbain, est  particulièrement peu adaptée et disons-le, très vulnérable au changement climatique en cours. En effet, malgré l’effort de végétalisation en cours, Paris demeure une ville minérale avec des sols imperméabilisés à 84 %.

De plus, la pollution de l’air et les nuisances sonores demeurent des préoccupations importantes et ce malgré des améliorations significatives ces dernières années grâce à la politique de réduction de la place de la voiture en ville (circulation automobile divisée par deux en 20 ans) et de développement des mobilités actives et des transports en commun. Par ailleurs, la capitale est sujette aussi bien aux risques liés aux inondations qu’aux sécheresses, dont la fréquence va augmenter. Paris reste la ville en Europe où le risque de mortalité en cas de canicule est le plus élevé.

Pour contribuer à l’atténuation des conséquences du dérèglement climatique, Paris s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des gaz à effet de serre. Le Plan climat, piloté par Dan Lert, adjoint à la maire de Paris, actuellement en cours de révision, implique notamment une baisse de la consommation d’énergie de 50 % afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le bâti représente 71 % des émissions locales de gaz à effet de serre. Il s’agit donc d’un levier privilégié d’action pour réduire les émissions parisiennes. Le bâti est particulièrement énergivore dans toute sa durée de vie : construction, fonctionnement et démolition. Sur le plan énergétique, seul 21 % de l’énergie consommée à Paris est renouvelable ou de récupération.

Depuis plusieurs années, Paris poursuit une politique de diminution de la place de la voiture et de promotion des mobilités actives et des transports en commun. Cette évolution favorise la diversification des usages de l’espace public pour les autres formes de mobilité, mais aussi pour la végétalisation.

Voici quelques aspects du PLU qui nous est présenté ici que nous pensons utile de retenir comme des avancées importantes :

• Le nouveau PLU va prioriser l’objectif de réduction de l’impact carbone de la ville et d’adaptation de cette dernière aux effets du dérèglement climatique. Cet objectif se décline partout: au niveau des espaces naturels et des énergies, des constructions et transformations du bâti, des rénovations thermiques, la mobilité…

• Paris est une ville ancienne, bien développée, ne disposant que peu de nouveaux espaces à construire, la capitale doit pourtant s’adapter aux évolutions de la société, notamment pour les plus fragiles, les mal-logés et prévenir les conséquences du dérèglement climatique.
•  Ces contraintes fondent le cœur de l’urbanisme bioclimatique avec l’idée de transformer et d’adapter l’existant plutôt que construire.

En tant que ville-centre de la métropole et capitale, Paris a une responsabilité particulière d’exemplarité et se doit d’être le moteur des transformations et de l’intégration métropolitaine, du développement du lien, physique et urbain,avec les collectivités voisines.

La Ville de Paris souhaite préserver la biodiversité, qui constitue un patrimoine à part entière. De même, face à l’urgence climatique, la présence de la faune et de la flore doit être favorisée, dans les espaces verts existants, dans les cours d’écoles, tout comme la végétalisation des espaces libres. On se rappelle avec émotion, que monsieur le maire, François Dagnaud, nous a assuré une fois en conseil d’arrondissement qu’il n’y aurait aucun arrachage d’arbres sur une parcelle municipale.

Ce PLU comporte une avancée majeure pour augmenter les emprises libres de construction et notamment introduire davantage de pleine terre dans les projets, afin d’accroître la végétalisation de la ville. Allant jusqu’à 60% pour les grandes parcelles. Malheureusement elle ne concerne pas les petites parcelles de moins de 150m2, les riverains du 32 rue des Solitaires ne pourront pas s’appuyer sur le futur PLU pour mener leur lutte contre le projet immobilier qu’ils rejettent. 

En outre, le règlement du PLU bioclimatique impose que les espaces libres soient de pleine terre et végétalisés, là où le PLU précédent offrait dans de nombreux cas des dérogations permettant de réaliser des espaces sur dalle ou artificialisés.

Le règlement avance que les arbres existants sur un terrain doivent être maintenus et en cas d’abattage rendu nécessaire pour des raisons de sécurité (phytosanitaire ou autres), remplacés par des arbres de développement comparable et volume foliaire équivalent dans le souci d’assurer un effet de rafraîchissement égal.

Avec une volonté de renforcement général du végétal pour lequel les exigences sont plus élevées dans les quartiers déficitaires en espaces verts et de nature, notamment pour la compensation obligatoire en cas d’abattage d’arbres, qui est désormais doublée, et nous regrettons par contre, que ce soit seulement doublé et pas plus. On invite dans cet esprit, les habitants, les associations, les conseils de quartiers, à faire des propositions localisées de renforcement du végétale.

Au global le PLU nous donne l’objectif de 40% de terres perméables et de 300 nouveaux hectares d’espaces verts d’ici 2040.

Pour ce qui est de l’habitat, l’obligation de 50% de logements sociaux à partir de 500m2 de construction de logements dans les zones très déficitaires ; obligation de faire 10% de logement dans les restructurations lourdes de bureaux.

Le PLU impose que les performances énergétiques des constructions neuves à Paris soient supérieures aux prescriptions de la Réglementation Environnementale nationale (RE 2020) en matière de consommation énergétique et en matière d’intégration d’énergies renouvelables. Enfin le règlement impose l’utilisation de matériaux ne dépassant pas un certain indicateur d’impact sur le changement climatique.

La Ville souhaite aller plus loin que la réglementation thermique nationale, laquelle est beaucoup moins contraignante pour les interventions sur les constructions existantes que pour celles sur les constructions neuves.

Le règlement incite par ailleurs à l’utilisation de matériaux biosourcés ou géosourcés. Il insiste enfin sur la nécessité de privilégier la conservation, la transformation ou la mise en valeur de l’existant plutôt que la démolition- reconstruction.

De même, le PLU bioclimatique permettra à la fois de réduire l’empreinte carbone du bâti parisien tout en préservant sa valeur et sa diversité patrimoniale, plaçant la question des usages et de la qualité de vie au cœur de la fabrique de la ville et aussi lutter contre la densification. En imposant par exemple, une hauteur maximale de 37 m pour les tours ou garantir la préservation des cœurs d’îlots.

Enfin, la prise en compte de la santé environnementale dans tous les aspects de l’urbanisme et la volonté de penser l’avenir de Paris au sein de la Métropole constituent des axes forts de ce PLU bioclimatique, sous réserve que ça ne reste pas de simples déclarations d‘intention.

Paris, pourra devenir une ville durable, vertueuse, résiliente et décarbonée par la mise en œuvre des conditions pour que Paris devienne une ville neutre en carbone en2050, notamment à travers sobriété carbone du bâti, le développement des énergies renouvelables et une démarche zéro déchets.

L’augmentation des surfaces de pleine terre, des lieux de respiration et de fraîcheur ainsi que de la végétalisation font partie des ambitions fortes de ce PLU.

Après cette liste de certaines des avancées notables du PLU, je voudrais me pencher sur Les Orientations d’Aménagement et de Programmation pour la Porte de la Villette, une des dernières friches, du Nord Est Parisien.
Le cadrage avancé maintenant nous donne une toute autre perspective sur le projet d’aménagement de la porte de la Villette.

Sur les seize hectares aménageables, la trame verte sera renforcée par l’aménagement d’un parc d’un minimum de neuf hectares, composé de trois jardins / espaces verts, l’un à l’ouest de l’avenue de la Porte de la Villette mettant en valeur l’eau et prolongé sur le quai de l’Allier jusqu’à la limite avec Aubervilliers, l’autre à l’est sur la moitié au moins de la surface du site Bertrand Villette, le dernier au nord de la place Auguste Baron avec l’intensification et l’extension de l’esplanade plantée existante. Étant précisé qu’il y a un espace vert existant, le square de la porte de la Villette (dit square Forceval) où la végétalisation peut être renforcée.
S’ajouteront à ces neuf hectares les surfaces des espaces libres végétalisés des lots à construire d’un quartier mixte à la densité et aux hauteurs raisonnables, éloigné du périphérique.
La place de la voiture y sera réduite, avec une circulation repensée et la fin du rondpoint disproportionné Auguste Baron.

Je l’espère avant la fin de cette mandature des travaux seront lancés au moins sur l’avenue de la Porte de la Villette pour rénover l’axe de circulation majeur et l’adapter aux normes de notre époque, celle d’un PLU bioclimatique.

Je vous remercie