Sécurité sociale alimentaire : le pouvoir de vivreS

Contexte

L’histoire nous a démontré qu’une mesure de justice sociale proposée par un exécutif volontariste, y compris au niveau local, pouvait devenir un moteur de progrès social pour toute une nation.

Entre 2009 et 2019, le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a triplé. Aujourd’hui, au-delà des chiffres standards et faciles à répertorier, nous devons prendre en compte celles et ceux qui pour de nombreuses raisons ne vont pas à l’aide alimentaire. En effet, la précarité alimentaire ne touche pas uniquement les personnes sans-abri ou vivant dans la grande pauvreté, mais également des personnes en emploi précaire, des retraité.es ayant des pensions modestes, ou des familles nombreuses ayant des difficultés à joindre les deux bouts pour représenter aujourd’hui 10 millions en situation de précarité dont 8 millions de
pauvres.
À cela, s’ajoute l’inflation des prix alarmants autour des produits de première nécessité qui atteint aujourd’hui 15,8% avec une projection annonçant pour fin 2023, 25% de hausse.

Ce qui nous donne :

  • 20% de la population française se déclarant contrainte économiquement pour s’alimenter face aux taux d’efforts de la vie : loyer, transports, santé…
  • 32% des français.es se déclarant être en difficultés financières pour consommer 5 fruits et légumes par jour. Soit un indice de +5 points par rapport à 2018.
  • 2 étudiant.es sur 3 sont en situation d’extrême pauvreté et dont le restant à vivre n’atteint pas 50 € pour se nourrir après les factures payées.
  • Et 1 enfant sur 4 n’a pas accès à un petit déjeuner quotidiennement.

Si l’on prend simplement Paris, l’enquête du Secours populaire français annonce qu’environ 200 000 personnes ont recours à l’aide alimentaire mais que nous pourrions estimer que ce chiffre serait le double voire le triple en tenant compte de tout type de public confondu qui ne franchit pas la porte des associations.

On ne peut donc pas nier que cette hausse du nombre de personnes en précarité est un échec de tous ces gouvernements consécutifs. On ne peut également pas nier l’impact de l’alimentation dans le réchauffement climatique (d’après une étude de Nature Food parue en 2021, la production de nourriture humaine génère 37% des émissions globales de gaz à effet de serre).

Si la santé était l’enjeu majeur de la fin de la seconde guerre mondiale, et reste encore aujourd’hui l’un des grands enjeux de notre société, l’enjeu de l’agro-alimentaire est tout aussi important pour laisser aux mains de certains géants la responsabilité d’organiser notre alimentation.

Et pourtant en France, selon le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) publié en 2017, la mauvaise alimentation est responsable de plus de 40% des décès liés à des maladies chroniques, dont les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète.

Et pourtant en France, entre le gaspillage (qui représente 10 millions de tonnes de produits par an soit une valeur de 16 milliards d’euro, dont 70% entre la phase de production et la phase de distribution), l’effet d’aubaine de l’inflation qui permet d’augmenter les prix ainsi que les marges à des niveaux records, il est temps que les citoyen.nes reprennent la main sur le contenu de leur assiette.

Le travail incroyable des associations sur l’aide alimentaire ne peut être le seul recours face à ce fléau. Cette aide doit être un moyen d’urgence et non structurel face aux situations de détresse les plus visibles, et nous devons mettre en place des solutions pérennes avec un véritable accompagnement pour une accessibilité alimentaire saine et durable pour tous et toutes. Notre responsabilité politique est d’apporter des solutions concrètes afin d’éradiquer les inégalités sociales, environnementales et humaines.

La sécurité sociale alimentaire est une politique publique qui vise à garantir à tous et toutes un accès suffisant à une alimentation saine et nutritive. Son périmètre d’actions, de la terre à l’assiette, vise à la fois :

  • Une promotion de l’agriculture locale s’inscrivant dans le Plan climat que nous menons, en favorisant l’agriculture locale et en soutenant les initiatives de transition écologique des producteurs et productrices locaux et en garantissant un approvisionnement en aliments frais et sains pour les communautés locales
  • Un renforcement des programmes d’aide alimentaire s’inscrivant dans la lutte contre les inégalités sociales, comme la double tarification, les cantines solidaires, les paniers fruits et légumes en circuits courts.
  • Une aide au développement des structures d’utilité sociale dans le Plan ESS que nous menons car en effet en fléchant en priorité des projets pour l’achat des produits souvent bios, locaux, issus de petits producteurs de la Région ou en partie, nous favorisons la pérennisation des projets ESS.
  • Un renforcement d’aides localisées dans certaines zones concentrées de la ville s’inscrivant dans le travail mené dans les quartiers prioritaires de la ville dont l’accès à une alimentation durable et saine est une des priorités.
  • Une éducation nutritionnelle s’inscrivant dans la politique de santé que nous menons : la promotion de l’éducation nutritionnelle peut aider les individus à comprendre l’importance d’une alimentation équilibrée et nutritive, ainsi que les choix alimentaires sains qu’ils peuvent faire.

La sécurité sociale alimentaire est donc un projet politique dont les écologistes s’emparent de plus en plus. Aujourd’hui, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse et bientôt Grenoble et Bordeaux souhaitent l’expérimenter avec l’appui du tissu local mis en place ces dernières années, alliant des associations d’aide alimentaire aux structures d’utilité sociale autour de l’alimentation durable.

Son fonctionnement :

Elle est pensée sur la base du collectif SSA comme un budget commun issu de fonds publics, privés, et citoyens.

Elle est gérée de manière démocratique par un comité citoyen de l’alimentation qui décide de son fonctionnement.

Elle est accessible à tou.te.s les habitant.es volontaires, en situation de précarité ou pas, dans un objectif de mixité sociale et de non stigmatisation. Chacun.e cotise en fonction de ses moyens et tous dépensent 100 € chaque mois dans un circuit de distribution conventionné, via une monnaie solidaire ou une carte alimentaire, locale et citoyenne.

La cotisation varie selon les moyens de chacun.e, allant de 0% de prise en charge, des 100 € pour celleux accompagné.es par la ville et bénéficiant du RSA, à plus de 100% pour celleux le souhaitant.

Sa première étape serait d’expérimenter la caisse à partir de 200 à 300 habitant.es pour les personnes accompagnées par la ville, à minima la première année.

Elle serait avant tout de se déployer dans les quartiers prioritaires de la ville pour lancer l’expérimentation.

Les lieux qui seront identifiés seront en première étape ceux issus de l’ESS, de structures d’utilité sociale et des lieux autour de la promotion de l’’agriculture locale. D’autres lieux pourront s’ajouter sur décision du comité citoyen mis en place de façon démocratique.

La ville de Paris pourra et doit s’impliquer dans l’expérimentation, dans une démarche de co-construction d’un dispositif pérenne d’action publique et dans la perspective de l’alimentation comme « commun ».

La ville mobilisera donc toute son énergie pour tendre vers une ville plus solidaire, inclusive, égalitaire et écologique sur les questions d’accès à une alimentation de qualité et de lutte contre la précarité.

Et ainsi proposer une subvention de projet à l’association pour abonder/amorcer la caisse alimentaire.

Grâce à son aspect universel, grâce à l’apprentissage et la sensibilisation à une alimentation saine et enfin grâce à la gestion démocratique des caisses qui la financeront, la sécurité sociale alimentaire rendra le pouvoir aux citoyen.nes sur leur alimentation.

Le Conseil politique départemental parisien deelv paris propose :

Que des formations en parallèle avec des intervenant.es extérieur.es et internes soient proposées à nos militant.es et nos élu.es afin de s’approprier entièrement cette thématique dans le débat parisien par le biais des États généraux de l’écologie. De créer des mobilisations externes et publiques afin de sensibiliser au maximum les Parisien.nes et d’échanger sur ce projet politique porté par les écologistes.

Que la sécurité sociale alimentaire soit un de nos sujets prioritaires à mettre en place dans la lignée des autres villes écologistes et qu’elle soit portée par nos élu.es dans les arrondissements et à l’Hôtel de Ville.

Que les élu.es d’arrondissement qui le souhaitent portent ce projet politique à leur échelle.

Que Paris s’inscrive dans la même dynamique que toutes les villes proposant la sécurité sociale alimentaire afin de contribuer au groupe de travail et de faire remonter ses expérimentations territoriales.