Intervention d’Alice Timsit concernant le projet RATP Habitat Porte de la Villette

Monsieur le Maire, chers collègues, 

La présente délibération relative au projet de construction RATP Habitat Porte de la Villette marque, d’une certaine façon, le point de départ du réaménagement de la Porte. Il s’agit de la toute première étape de l’évolution à venir du quartier ; une évolution que nous voulons avant tout être au service du quartier et de l’adaptation de notre ville au réchauffement climatique.

Une évolution qui est par ailleurs très attendue par les riveraines et les riverains qui s’impatientent – et à raison – de voir leur quartier un jour changer, se transformer, se pacifier…

Alors que dire de ce projet? Ce projet immobilier porté par RATP Habitat va globalement dans le bon sens et fait suite à un premier projet de construction dont la demande de permis de construire s’était vue opposer un avis négatif de l’Autorité environnementale. Depuis lors, cette même Autorité environnementale a émis un avis positif à la suite de la réalisation d’une nouvelle évaluation environnementale comportant l’élaboration d’une étude d’impact.

Toutefois, nous regrettons de n’avoir pu consulter l’intégralité des conclusions de l’étude d’impact qui ne faisait pas partie des documents accompagnant la délibération et son exposé des motifs: je tiens à le dire ici, l’absence de transmission de cette étude d’impact est fort dommageable pour la qualité et l’égalité des débats et nuit à une prise de position tout à fait éclairée sur ce projet d’une importance cruciale.

A partir des informations qui nous ont été transmises nous pouvons malgré tout nous réjouir de plusieurs caractéristiques de ce projet

  • la création d’une résidence étudiante de 111 logements
  • la création de 60 logements locatifs familiaux sociaux et intermédiaires (15 PLS et 45 LLI); 
  • la modification de l’accès au bâtiment ce qui a permis d’éviter tout abattage des arbres d’alignement, ce qui est une très bonne nouvelle ;
  • une construction faite à sur la base d’une structure en bois ainsi que des façades revêtues de bois ;
  • et enfin la création d’un jardin d’hiver pour les logements libres et familiaux et la création d’environ 2000 m² de nouveaux espaces paysagers, en pleine terre ou sous forme de toitures végétalisées, soit 30 % de plus que dans le projet initial de 2019.

Ceci étant dit, il nous faut évoquer les réserves que nous avons sur ce projet et les questions qui demeurent en suspens faute d’informations suffisantes!

Premier bémol: la hauteur. Nous sommes sur du R+9, ce qui est trop haut par rapport à ce qui est souhaitable désormais pour limiter la densification à Paris.

Autres réserves: sur les performances thermiques nous sommes quelques peu surpris que nous soyons sur du RE2012 et du E3C1, et non pas en RE2020 et E3C2, d’autant que la révision du PLU va prochainement imposer des normes encore plus exigeantes, qu’en est-il? Est-ce que cela est amené à évoluer? 

Autre questionnement, il est évoqué que le structure sera en bois, c’est une très bonne nouvelle mais quid des planchers

Aussi, quels seront les isolants? Laine de roche et polystyrène ? Ou un isolant en paille, avec enduit de terre crue et une finition chaux sable car si Paris souhaite rester motrice dans l’écoconstruction et ne pas avoir 10 ans de retard à nouveau c’est ce qu’il faudrait préconiser. 

Enfin, dernier point: ce projet fait une part trop importante au logement privé tandis qu’à Paris nous avons mis en place un outil formidable: le bail réel solidaire. Pourquoi un tel regret? Les baux réels solidaires permettent de concilier tout à la fois, c’est la quadrature du cercle, ils permettent:

  1. de lutter contre la spéculation immobilière en dissociant le bâti du foncier, foncier qui reste dans les mains de la Ville;
  2. de faciliter l’accès la propriété en permettant à des familles de se constituer un patrimoine en abaissant le coût d’entrée à la propriété;
  3. et enfin de remplir nos objectifs en matière de production de logements sociaux.

Aujourd’hui la Ville de Paris s’est fixée l’objectif de 1000 BRS par an: cet objectif en plus d’être insuffisant ne sera jamais atteint si des opérations de construction immobilière les excluent à chaque fois au profit de logements privés pour “équilibrer” leur modèle économique. 

Nous devons veiller à ce que l’ambition partagée de notre majorité puisse être concrètement réalisée: pour ce faire, chaque opération immobilière doit désormais comprendre des BRS

Je tiens à rappeler en dernière intention que ce projet de construction va dans le bon sens, toutefois, pour toutes les questions qui demeurent en suspens et les réserves évoquées auparavant nous nous abstiendrons dans l’attente de proposer, en Conseil de Paris, des améliorations à cette délibération

Je vous remercie.