Monsieur le Président de la République,
Nous, élus écologistes, vous écrivons au sujet du projet de réforme des retraites que votre gouvernement a présenté. Nous ne développerons pas davantage ici les raisons pour lesquelles nous considérons, avec la grande majorité des Françaises et des Français, que cette réforme est inutile et injuste. Depuis de longues semaines maintenant, les arguments sont échangés et les positions des uns et des autres sont connues.
Si nous nous adressons à vous après l’importante journée de mobilisation contre ce projet de réforme du 7 mars dernier, c’est pour vous demander de remplir enfin votre mission : celle de rassembler les Françaises et les Français, de préserver la cohésion du pays, de cultiver la fraternité.
Lorsque vous avez été élu le 24 Avril dernier vous aviez indiqué que vous saviez que « nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à l’extrême droite ». Et vous ajoutiez : « je veux ici les remercier et leur dire que ce vote m’oblige pour les années à venir. Je suis dépositaire de leur sens du devoir, de leur attachement à la République et du respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines ». C’est précisément le moment de tenir votre engagement. Vous considérez probablement savoir mieux que les Françaises et les Français ce qui est bon pour eux mais on ne peut pas réformer un pays contre ses habitant·es.
Grâce à l’esprit de responsabilité manifesté par les organisations syndicales, toutes unies contre ce projet, cette opposition massive est caractérisée tant par sa non violence que par sa détermination. Vous auriez d’ailleurs tort de sous-estimer cette détermination de celles et ceux qui manifestent depuis plusieurs semaines maintenant, non seulement dans quelques grandes villes mais sur l’ensemble du territoire, plusieurs centaines de cortèges à chaque journée de mobilisation.
Les institutions inadaptées de la 5ème République vous donnent certes les moyens de passer en force pour imposer cette réforme contre l’avis de toutes les organisations syndicales et de la grande majorité des Françaises et des Français. Mais si vous choisissez de poursuivre dans cette voie, vous causerez un tort considérable à notre pays. En renforçant la défiance des Français·es à l’égard de la démocratie représentative, vous nourrissez les tentations autoritaires, prenez une lourde responsabilité pour l’avenir et contribuez à fracturer davantage notre pacte social.
Ainsi, Monsieur le Président, nous élus de la Nation et des territoires, vous le demandons solennellement, tenez la promesse que vous avez énoncée le soir de votre victoire, accomplissez le vœu que vous avez émis pour la France le soir du 31 décembre dernier : que nous soyons un peuple uni et solidaire. Pour cela, vous le savez, il n’existe qu’un seul chemin : retirer votre texte.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’expression de nos sentiments républicains.
Liste des premiers signataires : Marine Tondelier, Cyrielle Chatelain, Guillaume Gontard, Yannick Jadot, Eric Piolle, Jeanne Barseghian, Sandrine Rousseau, Sandra Regol, Julien Bayou, Sophie Bussière, Julie Laernoes, Karima Delli, David Cormand, Claude Gruffat, Raymonde Poncet, Claire Desmares, Sébastien Peytavie, Lisa Belluco, Charles Fournier, Sabrina Sebaihi.
